05 Écrire avec des outils numériques.



Animation Pédagogique Lycée Français de St Domingue
Mercredi 28 Novembre 2012 Cycle 1 et 2 

  
00 Introduction

Plus besoin de dire l'importance du numérique dans notre société et donc par voie de conséquence dans l'éducation.

Qui sont les « Digital Natives » ?

Commençons par reprendre le concept de Mark Prensky les « digitals natives » ou « Natifs Numériques ».

Ils sont nés à partir des années 90, et ils ont un rapport tout à fait spécifique à la société, à la consommation, aux marques, à la politique, aux médias, etc., en grande partie façonné par les technologies numériques. , Mark Prensky, les a baptisés les « Digital Natives » (natifs numériques), dans un essai paru en 2001.

Par Digital natives, Mark Prensky a cherché à décrire l’avènement, dans le système éducatif américain, d’une nouvelle génération d’élèves et d’étudiants pour lesquels le numérique est un territoire « natif » dont ils seraient les « autochtones ». Leurs aînés seraient, au mieux, des « immigrants numériques », qui ne maîtriseraient les technologies qu’au prix d’un effort d’adaptation bien visible. Cet effort, ou « accent », consisterait par exemple à imprimer un email ou un texte numérique pour en prendre connaissance, plutôt que de le lire et de le commenter à l’écran…

 Nos élèves sont donc des "digital natives" contrairement à nous autres qui ne sommes que des "digital émigrants".

Nous avons appris les mondes numériques en étant obligés de déconstruire des apprentissages anciens y compris dans le domaine du numérique, dont l'évolution est très rapide.

Nos élèves se construisent dans un monde dans lequel la capacité à transformer et faire évoluer son savoir est une composante même de ce savoir.

Ils sont de la « génération des mises à jour ». Cela va donc forcement conditionner leur attitude face aux apprentissages.

En informatique encore plus qu'ailleurs il existe de nombreuses façons d'atteindre le même objectifs ( cf  sous windows le nombre de façon pour atteindre un dossier ou un document.).

L'apprentissage est un chemin à construire pour atteindre un résultat , résoudre un problème en mathématique tout comme en lecture ou en écriture.
Chacun va pouvoir aussi construire ce chemin grâce à sa propre culture et ses propres choix.

J'aime à citer François Delalande qui nous dit que le jeune enfant n'écoute que ce qui l’intéresse, ( F Delalande : La musique est un jeu d'enfant ) et ce qui l'intéresse au départ ce sont les sons qu'il produit lui même. Ces sons vont soudain prendre du sens pour l'enfant qui expérimente.



Nous avons donc
 à penser une pédagogie de la lecture et de l'écriture qui combine;

·         la possibilité d'un réel intérêt de l'enfant (un terrain d'expérimentation )
et
·         une problématique (une situation qui permette de dépasser la simple expérimentation )

et qui accepte la diversité du chemin qui permet de la résoudre.

En un mot bâtir une pédagogie qui conduise l'élève à donner un véritable sens à la lecture et à l'écriture.

Les outils et les mondes numériques nous apportent un contexte très favorisant pour la lecture et l'écriture. D'ailleurs point besoin d'aller très loin sur internet, sur les réseaux sociaux , sur les forums, dans les divers jeux en ligne, pour constater à quel point la jeune génération des 12-25 ans est une génération qui pratique l'écrit.

A nous de les préparer à cela lors de leur passage à l'école élémentaire. A nous de comprendre les outils qu'ils utilisent pour en faire des vecteurs d'apprentissage.



1 Donner du sens.

Les outils numériques ont par essence une grande capacité à relier les gens . A créer de possibilités de communication.
Internet est issu au départ d'une volonté de communiquer ( à l'initiative de l'armée américaine ) La première connexion entre deux machines à lieu  le 29 octobre 1969. Au départ prévu pour les militaire, le réseau qui s'étant petit à petit et très fréquenté par les chercheurs scientifiques qui y travaillent mes comment aussi à s'y raconter les dernières blagues à la mode... .(cf ; Thèse de Yann LerouxPsychodynamique des groupes sur le réseau internet)

Aujourd'hui l'outil de communication est là et bien là, comment peut il nous aider à faire écrire et lire?

        1.1 Écrire, pour quoi dire et à qui.
               
                Trouver des motivations pour écrire, de vraies situations de communication. Une idée (encore empruntée à F Delalande ) Il montre que l'on peut enseigner à des enfants des comportement de musicien,
·         L'écoute de soi, des autres, des sons, des musiques ...
·         Le travail autour du contrôle geste.
Ce sont autant de compétences essentielles pour devenir musicien qu'il est possible de travailler avec les enfants bien avant de leur « Apprendre la Musique »

En musique on est en train d' opérer un renversement dans les apprentissages. Autrefois il fallait faire de longues études au violon pour avoir enfin "un son" et qu'enfin votre "maître " vous dise ; allez y maintenant que vous maîtrisez la technique , vous allez pouvoir vous exprimer, dire avec votre instrument les émotions les sentiments...
F Delalande propose de commencer avec les enfants dès le plus jeune âge,  l'exploration de l'expressivité, le contrôle du geste,   l'analyse du discours musical, la création.

Ainsi ,quand ils rencontrent un instrument, les enfants l'abordent déjà avec avec une certaine expérience musicale. Déjà avec l'expérience que l'on peut dire, transmettre des choses avec les sons d'un instrument. Dès lors ;  l'apprentissage long et difficile de la technique instrumentale et du solfège prennent tout leur sens. Au lieu d'être imposé 

Vous percevez bien évidement l'analogie que l'on peut faire avec l'écriture et la lecture.

Pour apprendre à lire et écrire il faut avant tout avoir des choses à dire et l' envie d'apprendre.


               
1.1.1        Au cycle 1

Ce que nous disent les programmes de 2008

DÉCOUVRIR L’ÉCRIT  
1 - Se familiariser avec l’écrit

·         Découvrir les supports de l’écrit
Les enfants découvrent les usages sociaux de l’écrit

·         Contribuer à l’écriture de textes
Les enfants sont mis en situation de contribuer à l’écriture de textes, les activités fournissant des occasions naturelles de laisser des traces de ce qui a été fait, observé ou appris.

À la fin de l’école maternelle, ils savent transformer un énoncé oral spontané en un texte que l’adulte écrira sous leur dictée.


A qui écrire ? ; aux gens que l'on connaît bien sur.
·         Aux parents, pour leur expliquer ce qu'il se passe en classe ? 
·         Aux camarades des autres classes, pour leur raconter des histoires ou leur dire ce que l'on fait en classe. 
·         A des correspondants

Comment écrire ?

Les pédagogies actives nous ont montré l’intérêt et la richesse des textes produits par les élèves .

Au cycle 1 la technique de la dictée à l'adulte permet de produire des textes.

La dictée à l'adulte: "C'est le moyen de faire produire à l'enfant un texte quand il ne peut pas encore graphier tout seul.

L'enfant confie à l'adulte, qui sait lire et écrire, le texte qu'il ne peut encore écrit seul. La dictée à l'adulte se pratique entre un apprenant et un expert, qui va mettre ses compétences au service de l'apprenant.

Ensemble, patiemment, enfant(s) et adulte donnent forme à l'histoire qui voit le jour : du jet initial au " beau texte" qui sera imprimé, lu à l'école et à l'extérieur de l'école.
La dictée à l'adulte doit être inscrite dans une situation de communication authentique.Ses enjeux ( message qui doit être compris par un ou des destinataires absents) impliquent le respect des conventions qui n'ont aucun rapport avec celles de l'oral, à savoir une structuration cohérente des énoncés, une segmentation de la phrase en mots, une ponctuation, une orthographe."

Passer du langage à la langue

·      JeanHébrard intercale entre parler et écrire, une étape qui est aussi une rupture " parler l'écrit".
·      La dictée à l'adulte vise à initier l'enfant aux spécificités de l'écrit en le plaçant dans une situation de production.
·      Elle permet à des enfants en début d'apprentissage de saisir comment s'élabore un texte, à un moment où ils deviennent capables de concevoir et d'énoncer des messages scriptibles, mais pas encore de les graphier ou des les orthographier sans peine.
·      Elle permet de motiver les enfants et les aider à surmonter les difficultés inhérentes à l'apprentissage de l'écriture pour que très tôt celle-ci devienne un langage privilégié de communication et d'expression qui les aide à structurer leur pensée.
·      La dictée à l'adulte s'inscrit dans une progression d'apprentissage dont la finalité est de faire accéder l'élève à une écriture autonome et un soutien permanent de l'effort langagier de l'enfant.


1.1.2 Au cycle 2

Ce que nous disent les programmes de 2008

FRANÇAIS
2 - Lecture, écriture

·         Les élèves apprennent à rédiger de manière autonome un texte court : rechercher et organiser des idées, choisir du vocabulaire, construire et enchaîner des phrase
·          
·         Ils sont amenés à utiliser l’ordinateur : écriture au clavier,

Des activités d'écriture, plus individuelles, pour des élèves qui commencent à avoir des compétences en écriture et en lecture.


A qui écrire ? 

Nous allons bien sur retrouver les propositions évoquées au cycle 1

Au cycle 2 les élèves auront acquis plus d'autonomie dans l'écriture, et une écriture plus personnelle. Cela ne veut pas forcement dire qu'il faille abandonner complètement la technique de la dictée à l'adulte.




2 Les Outils Numériques pour écrire.


Dans ce contexte que peuvent apporter les outils numériques ?

Je pense que l'utilisation de moyens numériques n'est à mettre en œuvre que dans la mesure ou ils apportent quelque chose que l'on ne peut pas faire sans eux. L'utilisation du numérique pour le numérique, « faire de l'ordinateur », « faire de l'informatique » n'a à mon avis à l'école pas de sens.

        2.1 Outils d'analyse de la langue

                Exemple du logiciel libre d'édition audio : Audacity (Mac /PC)







Sur tablette tactile ( IOS ou Android )

·         La Dictée de Montessori
retrouver les sons d'un mot.

·         La magie des mots.
Essayer des combinaison de lettre et les faire lire par la machine.

       
2.2 Outils pour « graphier »

Une aide à la calligraphie. Propose un guidage pour l'écriture des lettres. Sur sur tablette et tableau numérique.


2.3 Outils pour créer des histoires

Travail à partir des films d'animation de PINGU. Les aventures d'un petit Pingouin sur la banquise. (Aucun dialogue dans le film uniquement des onomatopées.)


A la fin de l'histoire les enfants ont très bien compris l'histoire. Comment ont ils fait ?
Un premier travail porta sur l'écriture d'un dialogue à partir du film. En grande section aborder le dialogue n'est pas évident ; avec Pingu les élèves ont réellement compris le dialogue en transformant progressivement les onomatopées en phrases intelligibles.

Proposition  d'écrire et de filmer un nouvel épisode de l'histoire.
Les élèves ont écrit un scénario et un texte.
Les outils numériques ( appareil photo et enregistreur numérique ) ont permis de réaliser 




2.4 Outils de création de documents

                Quels outils à notre disposition actuellement ?

2.1.1 Création de texte simple

Le blocnote ou le  wordpad de windows , abiword ( logiciels libre ) ou d'autres logiciel de traitement de texte simple.

Ces logiciels permettent le saisie d'un texte et l'impression avec divers effets simples de mise en forme. Les élèves peuvent produire rapidement des affiches, des fiches de référence pour la classe.....

2.1.2 Création de documents multimédias

·         Les Classiques traitement de texte ou de présentation.
LibreOffice ou Open Office permettent des mise en forme plus complexes , la mise en page de photos. Leur maniement en autonomie requiert un apprentissage assez long et complexe. Ils sont à réserver au cycle  3

·         Un    Nouvel outil ; traitement de texte sur tablette.
Deux logiciels permettent de créer simplement  des documents numériques complexes.
  un sous Android ; SCRAP (gratuit) et un autre  sous IOS ; Book Creator (payant)

Adrien crée une petite présentation avec Book Créator 
Le détail de la démarche à cette adresse
http://fragmentsdeclasse.blogspot.fr/2012/08/cas-de-contagion-numerique-en-classe-de.html




Marine : Création d'un catalogue numérique :  Sculpture sur Biscotte.







        2.2 Outils de publication et diffusion.


2.2.1 Les sites et blogs. (exemple du blog de Véronique)

Un projet d'écriture en direction de parents. Écrire pour raconter ce qu'il se passe dans la classe ou décrire des lieux de l'école.



Les documents sont produits grâce au logiciel SCRAP sur une tablette sous Android . Les images des documents sont ensuite mise en ligne sur un blog hébergé par un serveur de l’Éducation Nationale.

La particularité de ce blog est d'être ouvert aux commentaires pour les parents (les commentaires sont bien sur modérés par l'enseignant) L'idée de Véronique est de produire des documents qui ne sont pas « parfaits » et laisser aux parents le soin de commenter ce qu'ils ne comprennent pas dans le document.

Par exemple ; dans le compte rendu d'un anniversaire les élèves n'ont pas mentionné le nom des élèves : » Nous avons fêté les anniversaire de Septembre. Nous avons fait un gâteau aux noix et au miel... »
Les parents ont demandé dans leur commentaire de qui c'était l'anniversaire. Ce fut pour Véronique l'occasion de revenir sur le texte initialement produit. De pointer ses manques et ses imprécision en s'appuyant sur les remarques des parents. Le texte est réécrit ou complété puis republié..


2.2.2 Les réseaux sociaux. (exemple de Twitter)

Apprendre Twitter à l’école maternelle .



Apprendre les réseaux sociaux à l’école maternelle .

Ces derniers mois ont vu un nombre croissant d’enseignants se tourner vers l’utilisation des réseaux sociaux dans le cadre de leur pratique de classe. Il semble que le réseau Twitter leur ait offert un terrain d’expérimentation pédagogique. Pour s’en convaincre il suffit de consulter le travail de B. Formet sur le « posterous » Twittclasses qui répertorie les classes qui « twittent » et propose nombre de liens questionnant cette pratique émergente.
A l’école maternelle seulement 3 classes, d’aujourd’hui se sont engagées dans cette découverte. Pourquoi se lancer dans un tel travail en maternelle ? Pour qui ? Pour apprendre quoi ? Et à qui ? . Telles sont les questions qui se sont posées, dés le début du projet que je mène en classe de moyenne et grande section depuis le mois de mai 2011, « @camusmat04 » dans une école maternelle de Talence près de Bordeaux.
Dans cet article je laisserai délibérément de côté, l’intérêt pédagogique lié à la production d’écrit, à l’expression et la communication pour questionner les problèmes liés à l’apprentissage des réseaux sociaux et plus généralement du web 2.0.
Investir les réseaux sociaux n’est pas sans risques, il suffit de constater certaines dérives générées par une utilisation de Facebook, sans contrôle et sans apprentissage. Dans le cadre de la classe il convient donc d’être d’une grande prudence.
Il m’a paru nécessaire de travailler dans deux directions. Tout d’abord en direction des élèves dans le cadre de l’utilisation de Twitter dans la classe et en second lieu en direction des parents, en les associant étroitement au projet.

1 . Un Projet d’écriture porteur de sens au quotidien.

En deux mots. Le projet est bâtit autour d’un atelier d’écriture quotidien pour informer les parents de certaines activités de la classe. Les élèves produisent donc un texte quotidiennement. Ce petit texte d’un maximum de 140 caractères (format autorisé par Twitter) est mis en ligne à l’intention de leurs parents.
Le choix des sujets est débattu en classe et soumis au vote lorsqu’il n’y a pas de consensus. Les sujets peuvent sembler parfois anodins « Des ouvriers sont venus pour construire un nouveau garage à vélo » ils sont parfois poétiques « Aujourd’hui Emy a apporté une plume de mouette » mais pas pour autant choisis au hasard. Quand ils décident d’écrire « Aujourd’hui, nous avons remarqué que les feuilles de la chayotte ont poussé. » ce court texte retrace réellement leur préoccupation du moment, celle qui a de l’importance, qui témoigne d’un quotidien collectif.
Ces textes sont tous des moments partagés, le plus souvent agréablement « Thomas a apporté un dragon. Nous jouons avec son dragon dans le château-fort. », mais pas seulement. « Aujourd’hui nous avons perdu au jeu du trésor parce que un élève a parlé pendant le jeu. » évoque la profonde déception collective de ne pas pouvoir continuer à jouer ensemble, peut-être aussi de ne pas pouvoir gagner ce jour là. « Nous avons essayé d’ écrire sorcière sans modèle. Nous avons presque réussi tout seul. » dit l’effort demandé en classe, la difficulté, et la satisfaction de progresser.
Ces textes même très courts ont à mon avis une réelle valeur pour ces enfants, la valeur de leur authenticité. Le plaisir qu’ils ont à les produire est visible pendant ces moments d’écriture. Lorsque après deux mois et demi et 40 messages, j’ai demandé aux élèves s'ils voulaient arrêter d’écrire sur Twitter leur réponse fut unanimement et fermement « NON ! » . L’incompréhension était lisible sur leur visage et la question leur paraissait visiblement saugrenue.
Je leur ai donc demandé pourquoi ils ne voulaient pas arrêter. Les réponses ont été tout d’abord assez convenues, reprenant les arguments utilisés pour la mise en place du projet.
Les élèves se plaçant du côté des parents : « Les parents il faut qu’ils sachent ce qu’il se passe dans la classe. », « Ils ne vont pas savoir. », « Ils vont croire que l’on a pas travaillé. ».
Puis l’argumentaire a tourné autour du contenu de la classe : « Si on écrit pas ils croiront que c’est une journée comme les autres, qu’il n’y a rien de spécial. », « Si on arrête , on ne peut plus travailler sur les phrases »(allusion au travail de lecture effectué à partir de leurs écrits), « comme cela on ne va pas se tromper en racontant des choses de la classe. ».
Insensiblement ils en sont arrivés à des considérations beaucoup plus personnelles : « J’aime bien quand on répète et qu’on entoure les mots. » , ils ont finalement parlé du plaisir qu’ils prenaient à écrire : « C’est rigolo d’écrire des phrases », « J’aime bien que les parents voient notre travail. ». En écrivant sur Twitter: « On apprend l’école et les mots. » fut la touche finale qui à elle seule résumait une grande partie des échanges.
Il y aurait énormément à développer sur la teneur de ces échanges, et sur ce qu’ils révèlent des perceptions qu’ont les élèves de leur vie en classe. Ce que je retiendrais simplement dans le cadre de cet article, c’est que dans une activité d’écriture bâtie autour d’une réelle situation de communication, les élèves disent éprouver du plaisir à écrire. Twitter peut permettre aussi cela.
2 . L ’utilisation de Twitter en classe dans ce projet .
·      Un objectif : Aider les élèves à élaborer une attitude de prudence et de responsabilité dans l’utilisation des réseaux sociaux.
·      Un objet numérique clairement défini: Il s’agit de créer une bulle dans Twitter au sein de laquelle les parents pourront venir chercher des informations sur la vie de la classe. Une sorte de réseau de micro blogging privé, fermé, sur lequel seule la classe peut publier. Les parents suivent le compte de la classe mais la classe ne suit pas les comptes des parents.
·      Adopter une attitude prudente sur le réseau.
Le projet porte sur une communication avec les parents, il a été présenté comme une réponse à la demande des parents qui souhaitaient avoir plus d’information sur ce qui se passe en classe. Les élèves ont voulu répondre favorablement à cette demande.
Il convient donc de permettre aux élèves de contrôler l’accès à cet espace, d'établir un filtre pour les demandes d’abonnement au compte de la classe. Le paramétrage de Twitter permet de "modérer" les demandes d’abonnement en faisant apparaître un bouton « vous avez de nouvelles demandes d’abonnement ».
Chaque demande est ainsi discutée en grand groupe. Elle n’est acceptée que dans la mesure où un élève ou le maître peut assurer au reste de la classe qu’il s’agit de quelqu’un de connu. Cela suppose donc qu’en amont, les parents ont informé leur enfant de leur intention de suivre les messages de la classe et que les élèves peuvent attester de cela. Cela demande d’instaurer un dialogue entre parents et enfants autour de l’utilisation du réseau.
Plusieurs cas de figure ont été rencontrés :
1. La demande émane d’un parent ( grand-parent, famille …) et l’élève est au courant: la demande est acceptée.
2. La demande émane d’un parent et l’élève n’est pas au courant: l’ acceptation est reportée et le groupe demande à l’élève de se renseigner auprès de ses parents.
3. La demande émane d’une personne connue de la classe (stagiaire , intervenant ..) la classe demande confirmation à cette personne.
4. La demande émane de quelqu’un connu de l’enseignant: La demande est acceptée avec des explications de l’enseignant. (c’est quelqu’un avec qui je travaille , quelqu’un qui s’ intéresse à votre travail …)
5. La demande émane de quelqu’un d’inconnu mais dont on peut vérifier l’identité ou avec qui on peut entrer en contact ( twittclasses au canada…) : la demande est acceptée.
6. La demande émane de quelqu’un qui n’est connu de personne : La demande est refusée. ( établissement publicitaire, spam…)
L’important dans ce protocole d’acceptation est de leur faire prendre conscience que l’on peut refuser d’être en relation avec quelqu’un, de mettre les élèves en situation de choix raisonné quand ils ont à faire avec le réseau.
·      Adopter une attitude responsable sur le réseau
Les publications relatent des évènements vécus au sein de la classe. Lors de l’élaboration des messages, le maître rappelle aux élèves que leur texte doit être compréhensible par les parents et qu’il doit informer et/ou expliquer un moment de classe. La priorité est donnée au sens et à la communication destinée à quelqu’un.
Lors des ateliers d’écriture les élèves ont proposé de relater un incident de la classe impliquant l’un d’entre eux. Ils souhaitaient nommer l’enfant responsable de l’incident et dire qu’il avait été puni. Le maître a alors demandé aux élèves s'ils étaient vraiment sûrs de vouloir écrire cela. De cette question est née une discussion qui a conduit les élèves s’interroger sur ce que l’on pouvait publier sur le réseau. Ils ont constaté par eux même que s'ils avaient fait une petite bêtise en classe, ils n’aimeraient pas que leurs parents et tous les autres soient mis au courant. Ils ont donc choisi de revenir sur leur idée de départ et de relater l’incident sans mentionner le nom de l’enfant incriminé. Cet exemple permet de saisir à quel point la régulation proposée par l’adulte et importante et permet aux élève de prendre conscience qu’il est nécessaire de garantir le respect de chacun.
Cette même situation s’est présentée une seconde fois, et spontanément la classe s’est régulée toute seule, des élèves proposant immédiatement de ne pas retenir le sujet en argumentant justement leur propos. On peut donc raisonnablement penser qu’il y a eu un début d’apprentissage de l’utilisation raisonnée du réseau.
.
3 . Pour les parents, Twitter est un « autre monde », nouveau, dans lequel ils vivent sans toujours en avoir conscience.
.
S'il parait nécessaire et possible d’apprendre les réseaux sociaux aux élèves de classe maternelle, il n’est pas moins important d’amener les parents à l’utilisation ou au moins à la connaissance de ces mêmes réseaux.
La majeure partie des parents n’étaient au départ inscrits sur aucun réseau social. Aucun sur Twitter et très peu sur Facebook. Ce projet a d’une certaine façon, contraint les parents à aller vers le réseau Twitter puisque il était la réponse proposée, à leur demande d’avoir plus d’informations sur la vie de la classe. L’an dernier en deux mois plus de 80% des parents de la classe avaient ouvert un compte Twitter. Il a bien sur fallu les accompagner dans cette démarche. Un tutoriel simple, les a guidés dans la création et le paramétrage de leur compte.
Dans ce projet les enfants conduisent leurs parents dans les mondes numériques. Pour les parents, se voir guidé par un enfants de 4 ans dans l’utilisation des réseaux sociaux ou d’objets numériques comme la tablette tactile, les amène souvent à réagir. C’est de ce constat parfois un peu brutal que peut naître chez ces adultes la prise de conscience de la nécessité d’avoir une sorte de veille éducative sur les nouvelles technologies. En effet si les parents sont déjà dépassés par leurs enfants dans le domaine des nouvelles technologies, qu’en sera-t-il dans 10 ans ?
J’ai pu constater que certains parents ont adhéré très rapidement à cette démarche. Ils étaient avant tout très intéressés par le fait de pouvoir obtenir des informations sur la vie de la classe mais aussi sensibles aux enjeux qui leur avaient été présentés lors de la réunion d’information en début d’année.
.
4 . Des écueils repérés durant ce projet.
.
Comme nous l’avons vu un certain nombre de précautions, ont été prises dans l’utilisation de Twitter, tant autour du paramétrage du compte de la classe, qu’autour de la publication des messages. L’expérience à mis en lumière de nouveaux écueils, qui demandent toute notre vigilance.
·      Attention aux « hashtag »
Le système de Mot clic (hashtag en anglais) est un système de marquage des messages utilisés par Twitter. Il suffit de faire précéder un mot par # (#mot) pour que le message se trouve ainsi « taggé », marqué. Le hashtag devient aussi un lien qui qui permet d’accéder à tous les autres messages de Twitter comportant le même mot-clic. Très utile sur Twitter pour faire des recherches ce système est à surveiller de très près dans le cadre d’une utilisation en classe.
Un mot clic apparemment anodin peut très bien avoir été déjà utilisé sur Twitter et conduire à des contenus totalement inappropriés à un usage de classe. Cela nous conduit nécessairement à aborder avec les élèves, les dangers que l’on peut rencontrer sur le réseau et dans les contenus en ligne du Web 2.0. Suivant l’âge des élèves, un accompagnement doit être mis en place. Pour ma part, dans l’utilisation en classe, j’ai choisi de ne pas utiliser ces mots clic pour l’instant.
·      Surveiller le paramétrage des comptes parents
La plupart des parents étant néophytes sur les réseaux sociaux, j’ai donc proposé en début d’année une réunion d’information, au cours de laquelle les parents ont été informés du fonctionnement de Twitter et des procédures d’inscription et de sécurité. Je leur ai aussi proposé une notice papier plus détaillée concernant le paramétrage de leur compte et sa mise en sécurité. Je leur ai spécialement demandé de n’utiliser le compte qu’ils ont créé que pour consulter le compte de la classe. S'ils utilisent leur compte pour s’abonner à d’autres compte que celui de la classe, ces abonnements seront visibles par les autres parents eux aussi abonnés au compte de la classe. Si c’est effectivement un choix de leur part, cela ne pose pas de problème particulier. Cependant, le paramétrage par défaut ne met pas leurs données hors de vue des autres. J’ai donc veillé pour chaque compte ouvert, à ce que l’accès à ces informations soit véritablement un choix. Force est de constater que ce n’était pas toujours le cas.
Pour beaucoup de parents l’accès à ces réseaux est une première, cela nécessite visiblement un accompagnement qu’à mon avis il ne faut pas négliger. Pour cela au moment de l’accueil, une machine en classe propose l’accès à Twitter. Ainsi avec eux, il est possible de répondre à leurs interrogations ou parfois même de les accompagner dans le paramétrage de leur compte.
.
5 . Découvrir et Apprendre son identité numérique
.
L’utilisation du réseau social a opéré dans certains cas une transformation des modalités de communications entre parents et enfants. Certains parents m’ont rapporté le fait que le soir, ils demandaient à leur enfant des précisions sur qu’il avait fait dans la journée, car ils l’avaient lu sur Twitter.
.
Le réseau a permis aux parents d’obtenir des informations sur la vie de leur enfant par de nouveaux canaux. Ceci pourrait être vécu par les enfants comme une intrusion dans leur vie personnelle, mais dans la mesure où ce qui est publié a déjà été discuté et choisi, la publicité de ces informations fait qu’ils savent que leur intimité reste préservée.
Nous touchons ici les problématiques fondamentales des réseaux sociaux.
Quelle est notre trace numérique ?
Comment en prendre conscience et se l’approprier ?
Comment en rester maître ?
Comment penser son identité numérique ?
.
Ce projet permet de penser raisonnablement que cela peut commencer dès l’école maternelle.



Vidéo de Création d'un Twitt en dictée à l'adulte.



2.2.3 Les supports physiques ( CD et DVD, clé USB, Tablette)

Tablette Tactile : Un Cahier de Vie Numérique à l'école maternelle 

 

"Paul : Le départ de la tablette pour la maison ;-) "




Un Cahier de Vie Numérique à l'école maternelle


L'utilisation du cahier de vie de classe papier est une pratique très courante à l'école maternelle. Ce cahier «papier» permet avant tout de constituer une base de données des activités de la classe. La classe y consigne, des recherches , des compte-rendus de visites, des témoignages des activités collectives et de la « vie » de la classe. Consultable par les élèves eux -même, c'est un outil de référence dans la classe.
Il offre aussi la possibilité, pour les élèves qui l'emportent chez eux, de partager avec leur famille, en toute autonomie, une partie de ce qu'ils vivent en classe. Il est généralement consulté deux à trois fois dans l'année avec les parents en fonction du nombre d'élèves de la classe.

Parler de la classe à ses parents n'est pas une chose aisée pour de nombreux élèves. J'en veux pour preuve le nombre de parents qui nous sollicitent pour savoir ce qu'il se passe dans la classe. « Mon enfant ne me raconte pas ce qu'il fait dans la classe », « Il me dit qu'il ne fait rien en classe, qu'il ne se souvient pas... » sont des remarques récurrentes.
Pour parler de ce qu'il se passe dans la classe l'enfant est confronté à des choix difficiles chargés des émotions vécues en classe. Qu'est ce qui est important pour lui ? pour ses parents ? Qu'est ce qu'il peut dire ? Doit dire? Il doit puiser dans l' intimité de la classe pour faire ces choix mais aussi dans la sienne propre. Lorsque le choix des activités à partager est fait collectivement en classe l'enfant n'a plus à plonger directement dans son vécu de classe pour répondre à la demande de ses parents. En créant un espace intermédiaire entre la classe et la famille, le cahier introduit cette distance qui rend la communication avec la famille possible. Il réduit le sentiment d'intrusion qui peut survenir dans ces situations.

Depuis la rentrée de septembre 2011, à la suite de l'ordinateur, de l'appareil photo, de l’enregistreur de son, un nouvel objet numérique est arrivé dans la classe. La tablette tactile. Elle a très rapidement trouvé sa place dans la classe ainsi qu'auprès des élèves et de leurs parents en faisant office de cahier de vie de classe.


Avant tout cette tablette est  « un cahier de vie » numérique. Il est aisé de constater que ces dernières années ont vu l’émergence de nombreux sites et  blogs de classe permettant aux élèves de mettre en ligne sur internet des contenus tirés de la vie de la classe et de les partager avec leurs parents. Ces documents « numériques » accessibles uniquement en ligne permettent d' enrichir les contenus communiqués à la famille. De courtes vidéos prises en classe ou en extérieur, des chants enregistrés collectivement, mais aussi des documents utilisés en classe ( documents animaliers, scientifiques, images de danses, d'artistes à l’œuvre ...) présentent par eux-même un attrait certain pour les parents. Ils sont aussi un support de communication riche pour les élèves. Cependant les modalités de consultation de ces documents sont actuellement assez « lourdes » car elles nécessitent une machine connectée, encore souvent fixe, même si les portables se sont beaucoup généralisés.

La tablette tactile que nous utilisons ne nécessite pas d'être connectée à internet. Détachée de la machine encombrante, on peut penser que la communication peut s'installer de façon plus facile, dans une proximité plus importante. L'objet tablette suscite déjà par lui même, un intérêt certain de part sa nouveauté. De plus les élèves sont très fiers d'expliquer à leur parent le maniement de cet outil. Les élèves qui connaissent parfaitement les contenus, naviguent aisément. Ils vont chercher l'information qu'ils désirent partager avec leurs parents. Ils sont à l'initiative de cette communication. Ce point est renforcé par le fait que contrairement aux sites de classes, les élèves transportent l'objet de la classe vers à la maison. L'observation des élèves lors du départ, de la classe transportant, la pochette contenant la tablette, nous indique que ces enfants sont très fiers de conduire cet objet dans la famille. Le regard porté par leurs parents à cet instant, contribue à construire une image très valorisé de l'école.

Cette tablette semble fonctionner comme une sorte « objet transitionnel »; un « doudou inversé » qui crée "une bulle" intermédiaire entre la bulle de la classe et la bulle de la famille. Il semble créer un espace mental sécurisant dans lequel la communication avec la famille va pouvoir s'installer.

Les parents quant à eux sont unanimement satisfaits des moments passés à échanger de cette façon avec leurs enfants sur les activités de la classe. J'ai mis en place un cahier de retour d'expérience à l'usage des parents, afin de collecter leurs sentiments sur ce nouvel outils. Bien conscient qu'il faille relativiser les propos des parents; je n'ai recueilli que des témoignages positifs, les indifférents et les autres n'ayant certainement pas laissé de trace, je constate cependant que l'objet suscite beaucoup de curiosité, d'étonnement et d'intérêt
·      « A..... était très fier d'amener la tablette à la maison...à voir ses yeux pendant la présentation qu'il a faite on comprend que c'est une vrai réussite. »
·      « Nous avons passé un très bon moment de partage et de découverte à la fois de l'outil et des activités de la classe que nous n'imaginions pas aussi riches. »
·      « T... a pris plaisir à commenter les photos et nous à échanger avec lui. »
·      « Nous avons apprécié de découvrir la classe d' A... par d'autres canaux que les paroles succinctes de notre enfant. »
·      « Cela apporte une nouvelle dimension dans les relations enfants / professeur / parents. »
·      « Même si je dois admettre que j'étais un peu réfractaire à l'idée d'introduire les nouvelles technologie dés l'école maternelle, je me rends compte que cette tablette est un outil idéal pour faire partager les activités de la classe. »

Ce dernier commentaire, nous inciterait à penser que l'un des objectifs du travail avec cette tablette serait aussi de montrer aux parents combien la technologie des mondes numériques est en perpétuelle et très rapide évolution. Leurs enfants à 4 ans maitrisent des objets numériques qu'eux-mêmes ne maitrisent pas encore, ou n'ont parfois même pas encore rencontré. L'utilisation de cette tablette tout comme l' utilisation de Twitter en Grande Section, a pour objectif aussi de demander aux parents d' accompagner leurs enfants dans la découverte de ces mondes numériques. D'exercer une veille afin de tenter de faire que ne se reproduisent pas les débordements qui ont pu avoir lieu lors de l'apparition du réseau Facebook. Des enfants livrés à eux-mêmes face à un outil dont ils ne mesuraient pas les implications et les retentissements; des adultes débordés et sans réactions pensées, face à une technologie de communication dont ils n'avaient ni la maîtrise, ni les codes. A l'école il me semble important que les enseignants travaillent avec parents et enfants à clarifier et prévoir ces situations.

Échanges d'informations entre parents et enfants, outil de référence pour la classe, cette tablette témoigne aussi de la vie numérique de ces enfants. A ce titre elle est donc aussi à considérer un cahier, de « vie numérique ».
Les photos et les vidéos sont devenues en quelques temps quasiment toutes numériques. Elles sont échangées, transmises, par toutes sorte de canaux à la famille, aux amis qui les archivent, les partagent en ligne. Il me semble important et urgent de faire prendre conscience de cela à ces enfants et leurs parents . Prendre conscience qu'il faudra apprendre à construire cette nouvelle enveloppe numérique, apprendre à maîtriser ces informations qui constituent désormais une véritable identité numérique avec laquelle ces individus auront désormais à penser.

L'utilisation de ce cahier de vie numérique par rapport au cahier papier modifie la communication entre parents et enfants autour de ce qu'il se passe à l'école.
En créant une dynamique liée à la nouveauté de l'objet,
En créant un espace de communication privilégié
En instaurant une image valorisée et novatrice de l'école.
En participant à l'élaboration, par l'enfant, des prémices de son identité numérique.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.